Wednesday, August 31, 2011

L'idylle de Coco Chanel à Woolsack

De 1924 à 1930, la créatrice de mode a séjourné dans le pays de Born en compagnie du duc de Westminster et y a côtoyé les amis intimes de son amant. Parmi eux, Winston Churchill

Coco Chanel avait elle-même fait l'acquisition d'une villa à Mimizan pour que ses « cousettes » parisiennes profitent de la station balnéaire. photo archives « sud Ouest »

La sortie aux États-Unis ce mois-ci de la biographie que consacre le journaliste américain Hal Vaughan à Coco Chanel aura fait couler beaucoup d'encre. Revenant sur les agissements de la célèbre créatrice de mode durant l'Occupation, il brosse le portrait d'une espionne nazie, recrutée par l'Abwehr, les services de renseignements de l'état-major allemand, assurant même qu'elle était « férocement antisémite », des propos que la maison de couture Chanel a contestés dans un communiqué.

Certains faits relatés étaient déjà connus depuis longtemps, comme sa liaison avec un officier allemand, le baron Hans Gunther von Dincklage, d'autres comme sa tentative avortée de récupérer les parts majoritaires des parfums Chanel détenues par la famille juive Wertheimer ont créé une vive polémique.

À la Libération, Coco Chanel fut arrêtée et interrogée par les FFI, soupçonnée de collaboration. Elle dut alors sa liberté à l'amitié que lui portait Winston Churchill, qu'elle avait rencontré sur les bords du lac d'Aureilhan-Mimizan dans les années 1920.

À cette époque, elle entretient une relation amoureuse avec l'homme le plus riche d'Angleterre, Lord Grosvenor, duc de Westminster et cousin de la famille royale, qui avait fait construire dès 1911 un pavillon de chasse, réplique d'une résidence en Afrique du Sud dénommée Woolsack. Cet endroit paisible, où l'on ne pouvait se rendre qu'en bateau depuis un ponton sur une autre rive du lac, devint le lieu de rendez-vous des grands de ce monde et des intimes du duc : le roi Alphonse XIII, Lloyd George, Charlie Chaplin, Sir Anthony Eden et Winston Churchill.

Ce dernier est un habitué des lieux. Il a connu le Duc lors de la guerre des Boërs en Afrique du Sud au début du siècle. Churchill apprécie la peinture « pour supporter les contraintes de la vie » et plante son chevalet au bord du lac ou dans la station balnéaire de Mimizan.

C'est là, à Woolsack, qu'il rencontre Coco Chanel pour la première fois en 1927, à l'occasion d'une chasse à courre. Et elle lui fait forte impression : « Cette fameuse Coco apparut et j'en fus tout de suite séduit. C'est une femme remarquable et agréable, certainement la plus forte personnalité à laquelle Benny ait jamais eu affaire », écrivait-il (1). La presse londonienne, qui suit pas à pas toutes les aventures de Lord Grosvenor, divorcé pour la seconde fois, la surnomme « The Paris dressmaker », se fait l'écho de ses séjours à Woolsack et voit en elle une future duchesse.

Quelques années avant les premiers congés payés instaurés par le Front populaire, Coco Chanel avait déjà le souci d'offrir à ses « cousettes » parisiennes un séjour de vacances. Elle avait ainsi fait l'acquisition d'une villa à Mimizan-Plage, le Pylône. La bâtisse fut vendue et reconvertie en pension de famille lorsque son idylle avec le duc de Westminster prit fin en 1930, à l'annonce de son mariage avec Loélia Ponsonby. Il accueille encore aujourd'hui des séjours de vacances.

Coco Chanel quitta alors définitivement Mimizan pour Paris, s'installa au Ritz et se noya dans le travail. Quelques années plus tard, en 1940, quand s'installe en France la drôle de guerre puis l'Occupation allemande, Churchill est Premier ministre de la seule nation qui poursuit le combat contre les nazis et inflige dans le ciel sa première défaite à Hitler. Les Allemands auraient alors recruté Coco Chanel en raison de ses amitiés et amours anglaises, lui donnant comme nom de co- de celui de son ancien amant : Westminster.

(1) Des propos repris dans deux petits ouvrages consacrés à Woolsack et Coco Chanel : l'un a été édité à compte d'auteur par le docteur Georges Cassagne, l'autre « The Woolsack », édité par le Groupe Gascogne. À lire également, un article de Jacques Sargos, « Le duc de Westminster à Mimizan : The Woolsack » publié dans le bulletin de la Société de Borda, 3e trimestre 1975.

Source: http://www.sudouest.fr